Lorsqu’une crise débute dans l’épilepsie focale, des bouffées d’activité à haute fréquence (HFA) sont souvent observées dans les enregistrements stéréo-EEG (SEEG). Le HFA constitue l’un des marqueurs les plus fiables du début de la crise. Cependant, le mécanisme par lequel cette activité rapide émerge à partir de l’activité interictale, caractérisée par des pointes, reste mal compris. L’étude menée par Thandar Aung, Aude Jegou et Patrick Chauvel cherche à déterminer si cette activité rapide apparaît brutalement au moment de la crise ou si elle se construit progressivement à partir de pointes interictales contenant déjà des composantes à haute fréquence.

Pour explorer cette question, les auteurs se sont intéressés à un type particulier de pointe interictale : les oscillations à haute fréquence associées aux pointes (Sp-HFO), qui correspondent à des sursauts rapides d’énergie haute fréquence au sein d’une pointe. Ils ont examiné si ces Sp-HFO évoluent progressivement pour ressembler au HFA soutenu qui marque l’apparition de la crise.

L’analyse a porté sur des enregistrements SEEG de six patients atteints d’épilepsie focale pharmacorésistante. Pour chaque crise, les auteurs ont étudié les périodes interictale, préictale, puis le début de la crise (apparition du HFA soutenu).
Une analyse temps-fréquence a permis d’explorer le contenu spectral des pointes et des activités rapides. Comme aucune méthode quantitative n’existait pour comparer la composition fréquentielle des pointes et du HFA ictal, les auteurs ont développé l’indice I-Fusion, qui mesure le degré de chevauchement entre les plages de fréquences des Sp-HFO et du HFA ictal.

Principaux résultats :

1. Une phase de transition préictale est systématiquement présente.
2. Les Sp-HFO évoluent vers le HFA ictal : ils sont liés sur le plan spectral.
3. Les valeurs d’I-Fusion permettent de quantifier la ressemblance entre les pointes et l’activité ictale.
4. La zone épileptogène présente une augmentation progressive de la synchronisation spectrale avant la crise.

Cette étude soutient l’hypothèse d’une transition progressive, et non brutale. Le cerveau semble préparer la crise par une augmentation graduelle de la synchronisation oscillatoire rapide. Les Sp-HFO apparaissent ainsi comme des biomarqueurs précoces potentiels, utiles pour mieux localiser la zone épileptogène et constituer des cibles prometteuses pour les thérapies de stimulation en boucle fermée.
Ces résultats ouvrent des perspectives pour la prédiction des crises et la planification chirurgicale.

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Référence : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/epi.18703?af=R

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